PÉRIPHÉRIES | FERMER |
L’évidence est trompeuse. Les « périphéries » ne sont pas seulement aux marges de nos villes. Elles ne sont plus seulement représentées par les banlieues ou les grands ensembles, formés de barres ou de tours, qui ont servi, en leur temps, à parquer ou à reléguer la foule des migrants venus alimenter la machine industrielle. Bien au contraire. Le mérite de ce livre est de proposer une autre lecture de la périphérie en lui donnant une extension métaphorique au-delà du constat d’une catastrophe sociale annoncée telle qu’elle s’est manifestée dans la flambée des banlieues françaises en novembre 2005 : la périphérie est devenue la représentation du monde dans lequel nous vivons.
« Périphéries » explore et révèle ces « paysages » intermédiaires, ni ville, ni campagne, espaces en mutation, lieux de passage, de transits et d’habitats – qui se trouvent non seulement à la lisière des villes, mais au cœur même des cités. Lieux construits selon une architecture fonctionnelle, mais parfois rongés et envahis par des espaces sauvages, en friches. Des couches de plus en plus larges du monde conforme sont frappées non seulement par une précarisation des conditions de vie, mais surtout par la perte de pouvoir – la plus grande pauvreté étant la perte du pouvoir sur sa propre existence.
En marge de ces photos, Maurice Born, dans le texte en préface du livre, « Le tombeau de l’émeute », mène une réflexion anthropologique et critique sur la construction des banlieues et ses conséquences. Dans sa postface, « Notes d’un historien », Marc Perrenoud retrace le travail de l’agence Interfoto depuis trente ans.
(texte de 2006)